Kivu en danger : Denis Mukwege dénonce une annexion silencieuse du Rwanda
- Lionel Okito Fataki
- il y a 6 jours
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Le Dr Denis Mukwege a accusé, jeudi, le Rwanda d’exercer « une annexion de fait » sur plusieurs territoires de l’Est de la République démocratique du Congo. Il a également critiqué les processus diplomatiques menés à Washington et à Doha, qu’il juge incapables de mettre fin au conflit et largement motivés par des « intérêts économiques étrangers ».
Dans une déclaration particulièrement ferme, le prix Nobel de la paix dénonce des initiatives de paix élaborées « dans des capitales étrangères, sans transparence ni inclusion », dans la continuité, selon lui, d’une longue histoire de décisions imposées au Congo « au mépris des aspirations de son peuple ».
Mukwege affirme que l’accord-cadre de Doha « ne comporte ni mécanismes contraignants, ni calendrier clair, ni garanties de mise en œuvre ». Il souligne que, malgré la signature de deux protocoles, « le M23 et l’Alliance Fleuve Congo (AFC) ont poursuivi leurs offensives » et violé le cessez-le-feu.
Le médecin congolais fustige également un « déficit de participation et de transparence » dans les discussions actuelles, qu’il qualifie d’« opaques », « bilatérales alors que la crise est régionale », et « contraires au droit international », dans la mesure où elles « tendent à normaliser une agression armée ».
Il rappelle que la conclusion de l’accord de Doha intervient alors que « le Rwanda n’a pas retiré ses troupes du territoire congolais » et « continue de diriger les opérations du M23 dans les zones occupées », en violation de la résolution 2773 du Conseil de sécurité des Nations unies.
Selon Mukwege, les forces du M23/AFC « étendent leur contrôle sur les Kivu » et imposent « un régime arbitraire fondé sur la peur et la violence ». Il cite notamment le massacre de 22 civils à Irhambi/Katana dans la nuit du 23 au 24 novembre, qu’il présente comme la preuve d’une stratégie du « talk and fight », consistant à négocier tout en progressant militairement.
Pour lui, les provinces du Nord- et du Sud-Kivu « s’apparentent aujourd’hui à une annexion de fait », le Rwanda y exerçant « une autorité illégale » contraire à la Charte des Nations unies et au droit des peuples à disposer de leurs ressources naturelles. Il accuse également certains acteurs économiques étrangers de contribuer à « normaliser » cette situation en raison de leur appétit pour les minerais stratégiques.
Mukwege estime que le peuple congolais est « pris entre le marteau et l’enclume, coincé entre un gouvernement dont l’irresponsabilité fragilise la souveraineté nationale et un Rwanda stratège et criminel ». Il appelle à « des sanctions fortes » pour obtenir le retrait des forces étrangères et à une véritable participation des communautés locales dans tout processus de paix.
« Tant que les intérêts économiques primeront sur les droits humains et la souveraineté, aucune paix durable ne pourra émerger », avertit-il, invitant les Congolais à « retrouver leur dignité et reprendre en main leur destin ».
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